Autres quizz :
Et une petite horloge!
Pictogramme et pictogramme, quizz
7 août 2021
吉 jí est un caractère dont la signification la plus utilisée est faste, propice. On le retrouve dans le binôme 吉利, qui a le même sens.
Les principaux dictionnaires de linguistes chinois note que le premier sens 本义 est solide, robuste, sans donner d’explication. Sur les écritures ossécailles, le sens employé est en majorité propice, comme dans le Yijing. Il faut creuser et trouver des articles qui donnent davantage d’explications, comme les écrits de Yu Xingyu 于省吾 (甲骨文編, 42) ou de Qiu Xigui 裘锡圭 (裘錫圭學術文集,三, 說吉,p.416).
Regardons deux graphies des premières écritures représentatives :
La partie supérieure rappelait une arme, voire une longue épée appelée 勾兵 avec le tranchant vers le haut :
Certains commentaire estiment que la partie inférieure serait un récipient sur lequel reposait l’arme.
La signification de solide, dur vient de cette épée qui avait la lame la plus longue parmi les épées.
Afin de renforcer cette explication, on peut, s’arrêter sur les caractères contenant 吉, une bonne partie a un sens où dureté et solidité sont présents :
结 jiē robuste, solide, noeud
硈 qià pierre solide
颉 jié confisquer, enlever de force
Il existe évidemment d’autres explications sur ce caractère, mais, surtout, sous les Han, elles ne s’attachent pas à l’origine, faute de la connaître à l’époque probablement. Il me paraît intéressant de signaler les commentaires des linguistes chinois modernes et de rappeler les significations de caractères formés avec 吉.
Articles connexes :
30 juillet 2021
Dans le prolongement de l’article précédent sur les six écritures, je donne plus de précisions chiffrées des sur les proportions sur les catégories d’écritures sur les écritures ossécailles, les bronzes, sous les Qin, les Han et les Song, soit sur une période de près de 23 siècles. Ainsi, ces données permettent de mieux comprendre l’évolution des caractères.
On peut donc voir que l’écriture chinoise était beaucoup plus pictographique à ses débuts. Les pictogrammes représentaient près du quart des graphies de l’époque alors que leur poids est passé sous 5% à partir des Han. Les caractères forme/son ont connu une fortune inverse. Leur taille s’est envolée de près d’environ 20-25% à plus de 80% à partir des Han et 90% sous les Song pour « écraser toutes les autres catégories ». Les associations de caractères, la catégorie la plus importante, sous les Shang, comme les autres, est devenue minoritaire également avec un poids de 3%. Nous avons abordé plusieurs fois le phénomène de production de caractères grâce à la réunion d’un composant phonétique (parfois sémantique également) avec un ou plusieurs composants sémantiques. Ce phénomène a pris son essor au IIIe siècle avant notre ère.
Le tableau ci-dessous synthétise ces informations en pourcentage aux différentes époques. J’ai repris les données d’un article de 陈光宁,professeur à l’Université Rutgers dans le New Jersey, 试论汉字起源定点雨世界古文字溯源比较. Pour les écritures ossécailles, il reprend les études de plusieurs paléographes chinois. Les écarts des chiffres pour les premières graphies s’expliquent car certains caractères peuvent se classer dans l’une ou l’autre catégorie. Par ailleurs, Zhang et Zhu ne voient pas d’emprunt à cette époque. La tendance de fond reste cependant la même pour tous.
La structure des caractères a peu changé depuis les Song, on peut donc considérer que les statistiques des Song sont proches de celles d’aujourd’hui.
(J’ai abordé à de nombreuse reprises le sujet de la structures des caractères, les divers articles sont sous la rubrique Structure des caractères.)
Articles sur le sujet :
Les six écritures
Les caractères forme/son 形声 en chinois
22 juillet 2021
Suite à des mails de lecteurs sur la structure et l’évolution des caractères, je reprends un ancien article sur les six écritures en ajoutant une illustration plus explicite en fin de texte.
Comme je relis 文字学概要 de Qiu Xigui 裘锡圭 sur l’écriture chinoise , j’ai l’intention d’exposer sa vision de la classification des caractères. Avant, il est utile de rappeler les six catégories de caractères que l’histoire a retenues, ou plutôt les six écritures 六书, pour rester plus près de l’expression chinoise.
On fait remonter cette classification à l’auteur du Shuowenjiezi 说文解字, Xu Shen 许慎 (58-148 Ap. J.-C.), qui vécut sous les Han. Cependant, les six catégories étaient déjà mentionnées dans le rituel des Zhou 周礼. Très tôt, les érudits de l’époque Han ont réfléchi sur cette question et les divergences existaient. Retenons les six catégories de Xu Shen, qui sont restées dans l’histoire.
象形字 (象 = image, 形 = forme,字 = caractère), caractères qui représentent la forme extérieure ou des imitations des formes de la nature. En d’autres termes, ce sont les pictogrammes. Sur 9353 caractères analysée dans le Shuo Wen, seulement 364 se retrouvent dans cette première partie. Parmi les plus connus, nous pouvons citer le soleil, la lune et la montagne. Ils sont simples :
Beaucoup de chemins les séparent de leur forme moderne, les techniques d’écriture et les diverses standardisations les ont modifiés. Maintenant, ils s’écrivent ainsi:日 ,月, 山. Ils rappellent encore ces premières graphies, ce qui n’est pas le cas des figures plus complexes. Par exemples, celles qui désignent des animaux.
Nous pouvons, sur l’illustration ci-dessous, voir l’écriture d’origine du rat, du bœuf, du cheval et de la chèvre et dessous le caractère moderne qui ne rappellent ni l’animal désigné, ni le pictogramme.
指事字 (指 = indiquer, 事 = chose), caractère indicateur des choses : ils expriment une idée abstraite, à la différence des pictogrammes qui « représentent » la chose désignée. Xu Shen en dénombre 125. Il en cite deux dans sa postface , 上, qui signifie notamment dessus et sur et下, dessous et sous. Tous deux sont composés d’un trait horizontal, les deux traits du premier 上 situés au-dessus indiquent le sens, comme le second 下 avec les traits au-dessous. Cette catégorie a suscité de nombreuses discussions car des pictogrammes pourraient appartenir à cette seconde catégorie. Par exemple, pour 大 dà, Xu Shen explique ainsi le caractère, « Le Ciel est grand, la Terre est grande ; mais l’homme aussi est grand. C’est pourquoi le caractère 大 représente l’homme, 天大,地大,人亦大,故大象人形. » Qiu Xigui pense que Xu Shen considère 大 comme un pictogramme alors qu’il exprime plutôt une idée abstraite.
会意字, caractère de réunion de sens. C’est une association de deux ou plusieurs caractères et idées, qui donnent un nouveau sens. 1168 font partie de cette troisième catégorie.
Dans les formes simples, nous avons : un arbre 木 ; deux arbres 林 = bois; trois arbres 森 forêt.Une femme 女 et un enfant,好 : 好 = bon. Les combinaisons de cette troisième catégorie sont le fruit de caractères des deux premières.
形声字 (forme-son), caractère forme-son. Dans un premier temps, l’écriture chinoise a vu le développement de créations pictographiques simples, on les appelle 独体字. 人, homme, 月, lune 日soleil, 自 nez, en sont les émanations modernes. Ce type de graphie était majoritaire alors que les structures comportant deux éléments, l’un sémantique, l’autre phonique approchaient seulement 20% de l’ensemble. Ce sont les 形声 forme-son. En revanche, le processus de création des caractères forme-son domine la seconde période qui débute au IIIe siècle avant notre ère. Ils représentent désormais plus de 80% des écritures. Le choix de l’indicateur phonique n’est plus sémantiquement motivé.
Exemple : 情 qíng, sentiment, émotion, affection est composé d’un élément sémantique à gauche, 忄, et à droite 青, qīng, de l’indicateur phonétique. L’élément phonique peut être également porteur de sens. Dans cet exemple, on peut se demander si 青, qui a plusieurs significations, notamment vert, jeune,herbe verte, a une valeur sémantique. On peut rapprocher la jeunesse et les sentiments, la fougue des sentiments de la jeunesse
假借,Caractère emprunté, une signification a emprunté la forme graphique d’une autre signification. 来 à l’origine désignait le blé. Puis, il a signifié venir. En l’absence de fil logique dans ce processus, on qualifiera d’emprunt le phénomène. Le concept est assez controversé, car historiquement, il est difficile de prouver le passage d’un sens à l’autre dans certains cas.
Deux caractères proviennent d’une même graphie. L’exemple le plus connu est 老 vieux et考 défunt (ancien sens), qui viennent d’une écriture montrant un vieillard chenu et penché.
Ces six familles ont cimenté une grande partie de la réflexion sur la structure des caractères. Il est indispensable de les connaître pour avancer dans la compréhension de leur interaction.
En schéma, nous pouvons résumer le processus :
Articles connexes :
De la tentation du simplisme étymologique
为/為 Un éléphant, une griffe, une guenon ou beaucoup de choses?
22 juillet 2021
合文 durant les dix premiers siècles de l’écriture chinoise évoque ces graphies qui avaient des caractères assemblés jusqu’à les confondre. Littéralement, le terme signifie assemblée écriture. Le phénomène a duré jusqu’à l’époque Han. Afin de mieux comprendre ce phénomène qui complique la tâche de compréhension, je suis en train de lire un mémoire de maîtrise d’une université de Chongqing intitulé 汉语古文字合文研究 (Recherche sur les Hewen dans les caractères anciens la langue chinoise) de 暴慧芳 Bao Huifang.
Je donne quelques exemples ; les graphies sont les graphies de l’époque, différentes des caractères actuels ; on peut cependant les reconnaître. Sur l’illustration, on voit que 500 dans 五百, 五 et百 ne sont pas séparés, mais le premier se trouve sur le second, tout comme dans 五朋. En revanche pour 一耳, 一 se trouve à droite et 耳 à gauche. Quant à 中月, c’est l’inverse. En fait tous les scénarios existent, on croise même quatre caractères regroupés dans un carré, d’autres empilés.
Articles connexes :
Évolution de sens
为/為 et ses multiples activités
22 mai 2021
Je reviens sur mes notes concernant le passage du Zuozhuan 左转 et l’association de caractères 寤生 wù shēng, qui a dérouté plus d’un éminent traducteur. Comme le souligne Wang Ning 王宁dans 古代汉语 l’utilisation de 寤 est le cas typique d’un emprunt, notion que nous avons déjà évoquée en décrivant les six types de caractères qu’avaient définis les érudits de l’époque Han. On parle d’un emprunt quand une signification a emprunté la forme graphique d’une autre signification. Exemple, 来 à l’origine désignait le blé. Puis, il a signifié venir. En l’absence de fil logique dans ce processus, on qualifiera d’emprunt le phénomène.
Le sens de 寤 est éveillé, prendre conscience; 寤 a emprunté le sens de 牾 wǔ (caractère rare), opposé, s’opposer. Dans notre texte, il faut donc bien comprendre que 寤生 signifie littéralement « naître à l’envers », Zhuang Gong est sorti par les pieds du ventre de sa mère ( à l’envers) -庄公寤生 – et que le texte veut dire que la naissance a été difficile.
Articles connexes :
Chinois classique (1)
25 mars 2021
Un lecteur m’a demandé de préciser ce que j’entendais par « extension de sens ». Avant d’expliquer, je dois préciser que je reprends la méthodologie des linguistes chinois.
Ce matin, je lisais un ouvrage sur le chinois classique de Wang 王力, 古代汉语常识 Connaissances générales en chinois ancien, il évoquait l’importance de saisir ces deux points.
Il prend l’exemple de 涉 shè.
Les premières graphies montrent deux pieds et au milieu un filet d’eau :
Plus tard, on ajouta sur la gauche la clé de l’eau :
Le caractère moderne 涉 a conservé une partie de la structure avec à gauche la clé de l’eau et à droite 步 bù, le pas.
On appelle le premier sens 本义 běn yì, le sens propre, le sens premier. 涉 signifia d’abord traverser un cours d’eau, franchir une rivière.
本 signifie racine et 义 sens ( dans ce contexte).
Par extension de sens 引申义, il a donné passer, parcourir, passer par ( dans l’acception d’expérience) au sens propre et figuré. On retrouve cette idée dans le binôme 涉历 shè lì, traverser (des épreuves) / expérimenter.
引申 yǐn shēn signifie extension.
L’ouvrage de Wang Li :
Articles connexes :
经/經, son étymologie et son réseau
23 mars 2021
Classifier et faire des systèmes est exaltant. La tentation de toute faire entrer dans son système peut s’avérer un piège. Plusieurs écoles dans le passé expliquaient que 非 fēi (ne pas / faux / erreur / faute/blâmer ) se retrouvaient dans beaucoup de caractères liés à l’idée d’opposition et de faute. En faire une règle serait exagéré car de nombreux caractères ne répondent pas à cette logique.
Voyons d’abord les caractères qui sont dans la ligne de cette thèse :
诽, fěi, dénigrer est formé de 非 et de la clé de la parole. L’idée de parole et faute rejoignent le sens de dénigrer
Le premier sens de 靠 kào est opposé, contraire.
匪 fěi bandit / brigand. Un bandit s’oppose à l’ordre établi avec ses crimes, 罪 zuì, crime.
悲 bēi, la tristesse s’oppose au cœur (partie inférieure du cœur, 心)。
Quant à 费 fèi, dépense, coût. Au prix de quelques contorsions de l’esprit, en tirant par les cheveux, on peut dire que la dépense est la négation de la richesse que peut symboliser 贝, ancienne monnaie.
Les premières graphies de 非 pour les uns montrent deux ailes d’oiseau qui s’envolent, pour d’autres, deux personnes dos à dos, d’où le premier sens « aller contre ».
L’immense majorité des caractères comprenant 非 n’a pas vraiment de lien avec l’idée d’opposition ou de négation :
菲 fēi beau et parfumé (pour fleurs et plantes)
啡 fēi café (diminutif)
翡 fěi jade vert / martin-pêcheur
霏 fēi chute de neige
绯 fēi rouge foncé
扉 fēi battant de portes
篚 fěi corbeille
腓 féi mollet
痱 fèi fièvre miliaire
Dans les structures de caractères gauche-droite, la partie phonétique 非 se trouve à droite, comme dans la majorité des cas des caractères forme-son, voir l’article d’hier. Force est de constater que 非 a peu de fois une valeur sémantique.
Il est difficile de mettre en place des règles qui s’appliquent dans une grande majorité des cas, pour expliquer la composition des caractères. A première vue, on peut trouver que les diverses catégories façonnées par les érudits du passé sont un peu poreuses. En fait, la diversité et le brassage de l’évolution des caractères ont charrié trop de connotations, transformé les structures si bien qu’il est difficile de les mettre dans des classifications trop précises.
Articles connexes :
Comment se prononce le caractère?
L’élément sémantique se promène
Le sens dans le sens du caractère chinois
Indicateur sémantique – abrégé
Structure d’un caractère chinois, élément abrégé
Les caractères forme/son 形声 en chinois
16 mars 2021
Nous poursuivons les notes sur l’ouvrage de Qiu Xigui, aujourd’hui quelques précisions sur ces caractères qui composent la majeur partie des graphies, les forme/son, 形声 (voir ici).
Au sein des caractères forme/son, l’élément phonétique, dans une minorité des cas, possède une valeur sémantique. Quelques exemples :
Une telle utilisation sert dans le cas d’une extension de sens d’un caractère, c’est le cas de carré 方 et cloche de forme carré 钫.
Dans la plupart des caractères forme/son, l’indicateur phonétique se trouve sur la droite – lorsque les caractères ont une composition gauche-droite.
Exemple : 青 qīng est l’élément phonétique des caractères suivants :
Articles connexes :
Comment se prononce le caractère?
L’élément sémantique se promène
Le sens dans le sens du caractère chinois
Indicateur sémantique – abrégé
Structure d’un caractère chinois, élément abrégé
Les caractères forme/son 形声 en chinois
16 mars 2021
L’élément phonétique en théorie vient préciser la prononciation du caractère, mais dans les faits, l’indicateur, dans la majorité des cas, ne donne pas le son. Qiu Xigui cite une étude, qui montre que 4,7% des éléments phonétiques donnent le son du caractère, 10% ont une initiale et une finale identiques.
Exemple avec 者 zhě. Quand cette graphie a le rôle d’indicateur phonétique dans un caractère, le caractère a souvent un son différent.
.
赭 zhě, ocre
煮, zhǔ, cuire à l’eau, faire bouillir
著, zhù, remarquable, manifester, écrire
奢, shē, extravagant, somptueux, extrême, excessif
锗, zhě, germanium
闍, shé, plate-forme sur la porte de la ville.
觰, zhā, extrémité de la corne
Cependant, en nombre absolu, les éléments phonétiques qui correspondent au son du caractère sont nombreux.
皇 huáng (empereur, grand, suprême) est un exemple classique. La grande majorité des caractères contenant 皇, indicateur phonique, se prononce huáng.
Tous les caractères de l’illustration ont la prononciation huáng.
Quand les prononciations diffèrent, elles sont souvent proches. Pour 空, kōng, vide, et 工 gōng, travail, seule la première lettre les sépare, k pour le premier, g pour le second.
Quant à 猫 māo, chat, et 苗 miáo, pousse, un i fait la différence. La dernière lettre sépare 兵 bīng , soldats et 宾 bīn, invité.
Il existe d’autres cas plus complexes où le son est celui d’une ancienne graphie qui a pratiquement disparu. Retrouver la phonétique est plus compliqué. Toutefois, en général, on peut retrouver le son d’un caractère ou s’en approcher en identifiant la partie phonétique.
Articles connexes :
L’élément sémantique se promène
Le sens dans le sens du caractère chinois
Indicateur sémantique – abrégé
Structure d’un caractère chinois, élément abrégé
Les caractères forme/son 形声 en chinois
15 mars 2021