La renaissance de la Chine passe-t-elle par un contrôle plus important de l’économie par l’Etat ? Le regard sur la dernière décennie montre des avancées progressives de l’Etat dans le privé, comme nous l’avons évoqué ici.
Unité ?
Les plus critiques parlaient d’une nouvelle vague de nationalisations des années 50 et du retour du «公私合营 Partenariat public-privé ».
Face aux tourments engendrés par la guerre commerciale sino-américaine et l’épidémie, le gouvernement a demandé clairement au privé plus de patriotisme, Xi Jinping lui-même le 16 septembre et un communiqué du gouvernement central sur son site. En échange, ces entreprises auront tout le soutien de l’Etat. Le phénomène n’est pas nouveau. Les plus grosses entreprises du privé devaient trouver des appuis pour se développer. Jusqu’alors, elles jouaient avec l’influence des divers clans. Cette fois, l’Etat affiche son ambition, il veut davantage d’unité.
Rien de nouveau
Pour dépasser les clichés idéologiques, retourner dans l’histoire permet de se rendre compte que la main de l’Etat sur le privé, qualifié du doux « 公私合营 Partenariat public-privé » n’est pas nouvelle. Le gouvernement nationaliste de la République de Chine (1927-1949), inspirée par les idées de Sun Yatsen, avait déjà montré de telles pratiques dès 1935 et ce n’est pas une première dans la longue histoire du pays.
Il faut remonter au VIIe siècle Av. J.-C. et retrouver Guan Zhong 管仲. Premier ministre de l’Etat de Qi durant la période des Printemps et Automnes, partisan d’un Etat puissant et d’une armée forte, il avait besoin d’argent pour financer la défense et les attaques militaires. Il reconnaissait l’importance de la vitalité économique, mais il se méfiait des nobles et des marchands. Il les exclut des domaines importants pour créer des monopoles d’Etat, notamment sur les ressources naturelles, comme le sel et le fer. Le gouvernement central percevait lui-même les impôts et mit sur un strapontin les puissants de l’époque.
Cette démarche vers le privé s’inscrit dans une période difficile où le découplage annoncé risque de pénaliser la Chine sur de nombreux fronts. Resserrer les troupes est indispensable.
Une réaction à certains articles qui oublient de considérer l’histoire chinoise. L’Etat autoritaire actuel n’est pas sorti du chapeau du gouvernement moderne. Un état fort chinois a toujours essayé d’ « encadrer » l’économie et ses acteurs. Certaines réactions occidentales s’expliquent parfois par le manque de connaissance sur le pays et même par la difficulté à mettre la Chine dans une case. Certains la voient socialiste, d’autres capitaliste. Des textes brandissent le spectre de la dictature. Pourquoi mettre dans une case ? Décrivons et regardons au lieu de masquer notre vue avec nos propres idées ou une idéologie qui remplace le catéchisme d’antan !
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1er octobre 2020